Déclaration liminaire CGT-FSU-SUD
CSA 16 mai 2024
 
Nous souhaitons revenir sur l'absence de réaction officielle de notre université à la crise humanitaire sans précédent qui sévit en Palestine sous la violence exercée par Israël.
 
Votre CA – nous employons à dessein le possessif, votre CA, et pas le CA de l'Université de Lorraine, car il est majoritairement composé de personnes issues d'une liste vous ayant soutenue et qui sont en règle générale alignées sur vos positions – votre CA donc, a été saisi le 9 avril d'une motion condamnant la situation dramatique que connaît le peuple palestinien et a choisi de ne pas la voter et de n'en voter aucune, au motif semble-t-il et pour faire simple que le CA ne fait pas de politique.
 
Nous considérons que par ce silence le CA a commis une faute politique inexcusable. Non pas que le texte de la motion que nous proposions était parfait, mais il était facile de s'en emparer, de l'amender, voire d'en proposer un complètement différent, mais ne rien faire était la seule option impossible. Certes, on nous oppose qu'il y a d'autres conflits et d'autres injustices dans le monde à l'heure actuelle. C'est vrai, mais celui-ci est extrême, par sa violence, par la charge symbolique qu'il véhicule avec le soutien inconditionnel – et injustifiable –  de la plupart des pays occidentaux en faveur de l'agresseur. Ce soutien va de l'absence de condamnation à la livraison d'armes à Israël, en passant par le refus de voter des résolutions de cessez-le-feu aux Nations Unies.
 
L'agression israélienne relève d'un conflit colonial. L'objectif d'éradication du Hamas cache mal la véritable intention qui est de rendre invivable au sens propre la totalité de la bande de Gaza. Le nier revient à nier le droit de tout un peuple, mais l'histoire, et les peuples opprimés avec elle, sont têtus. A l'image des guerres de décolonisation algérienne ou vietnamienne, les peuples colonisés ont toujours été vainqueurs, même au prix d'une souffrance incommensurable. Agir à notre niveau pour que cette boucherie cesse au plus vite est une nécessité morale. Trop de victimes sont tombées et trop mourront des conséquences du désastre qui sévit aujourd'hui à Gaza.
 
Nous nous inscrivons également en soutien à nos étudiantes et étudiants, dont beaucoup sont en doctorat, nos jeunes collègues en somme. Ces jeunes gens répondent à un appel international de la jeunesse et s'élèvent contre l'injustice. Nous leur sommes redevables de ce sursaut, nous les soutenons et nous dénonçons les répressions dont leurs homologues ont été les victimes ailleurs en France. Pour ce qui concerne l'Université de Lorraine, nous saluons la volonté dont vous avez fait preuve jusqu'à maintenant de ne pas entraver leur action de popularisation de la cause palestinienne, mais nous déplorons la présence furtive de la police lundi dernier à la présidence Léopold tout comme hier à la FST. Nous sommes et nous serons à leurs côtés.
 
Madame la Présidente, nous renouvelons notre demande d'une expression publique de votre part. Qu'à titre personnel vous ne souhaitiez pas reprendre à votre compte une proposition de boycott institutionnel des universités israéliennes, soit. Nous pensons que c'est une erreur, que la liberté académique ne doit pas servir de prétexte à des collaborations qui vont à l'encontre d'une éthique humaniste internationale, mais soit. 
Les faits sont là, comme l'écrit le Monde : les 12 universités de Gaza sont détruites ou endommagées, 3 présidents d'universités et près de 100 doyens et professeurs ont été tués : "C'est une guerre contre l'éducation".(1)
 
Nous vous demandons de briser ce silence institutionnel de notre université. Une condamnation de votre part des agissements actuels d'Israël aura, au moins localement, valeur de symbole et gageons qu'elle emportera l'adhésion de ce CA qui soudain lors de sa prochaine session saura revendiquer pour siennes les valeurs universelles… de l'université !