Hier, le 15 juillet 2025, le nouveau Premier ministre François Bayrou a dévoilé les grandes orientations budgétaires du gouvernement Macron pour 2026. Derrière un discours prétendument responsable se cache une attaque frontale contre les droits sociaux, les services publics, les salarié·es, les retraité·es, les chômeur·euses et les plus précaires.

Sous couvert de « réduction du déficit », l’exécutif prévoit 43,8 milliards d’euros de coupes, en refusant de toucher aux ultra-riches, aux grandes entreprises ou aux niches fiscales les plus indécentes.

Face à cette politique de classe, à cette nouvelle cure d’austérité imposée à la majorité du peuple au profit d’une minorité : Nous refusons de nous taire et d’ailleurs nous devons refuser de le faire.

Voici notre réponse à ce tournant brutal et autoritaire : 

Depuis plus de vingt ans, les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou se prétendent de gauche, mènent une politique au service du patronat et de la finance. Avec Emmanuel Macron, cette offensive contre le monde du travail s’est encore intensifiée : casse des services publics, attaques contre les droits sociaux, précarisation de l’emploi… tout concourt à une stratégie délibérée de remise en cause des conquêtes sociales arrachées par les luttes.

De plus depuis les élections législatives de juin 2025, le mépris démocratique atteint un sommet : Emmanuel Macron a refusé de nommer un Premier ministre issu de la majorité relative arrivée en tête, bafouant le suffrage populaire.

Les organisations syndicales et plusieurs forces politiques de gauche le disent clairement : ces choix ne sont ni des erreurs, ni des fatalités économiques, mais bien des décisions politiques assumées au service d’une minorité privilégiée.

Aides publiques sans contrôle, cadeaux fiscaux aux riches : une stratégie de classe assumée

Le récent rapport sénatorial du 26 juin 2025, intitulé « Aides publiques aux entreprises : pour plus de transparence et d’efficacité », confirme noir sur blanc ce que notre organisation syndicale denoncent depuis des années: près de 200 milliards d’euros d’aides publiques sont versés chaque année aux entreprises, sans contrôle réel, ni contrepartie sérieuse en matière d’emploi, de salaire ou de transition écologique. 

Trop souvent ces aides  servent à gonfler les dividendes, financer les rachats d’actions et enrichir les grands groupes, sans bénéfice pour le monde du travail ni pour la société dans son ensemble. Et pendant ce temps, les scandales s’enchaînent. Dernier en date : MaPrimeRénov. Plusieurs centaines de millions d’euros ont été détournés par des réseaux frauduleux, au détriment des ménages modestes censés bénéficier de cette aide. Une situation qui démontre, une fois de plus, l’urgence d’un véritable contrôle démocratique de l’argent public.

En parallèle, le ministre de l’Économie  Éric Lombard  a récement validé un dispositif fiscal opaque illégal, connu sous le nom de « cum-cum », permettant aux banques et investisseurs étrangers d’échapper à l’impôt sur les dividendes. Ce montage, révélé par Blast et confirmé par Le Monde en février 2025 (« Cum-cum : un montage fiscal à plusieurs milliards »), représente un cadeau fiscal de 4,5 milliards d’euros. Une fois de plus, ce sont les plus riches et le secteur financier qui encaissent les profits , pendant que le monde du travail trinquent.

Et ce n’est pas un cas isolé. Parmi les cadeaux fiscaux les plus indécent figure aussi l’exonération d’impôt accordée en 2008 par Nicolas Sarkozy aux investissements immobiliers du Qatar, maintenue ensuite par ses successeurs. Ce dispositif permet aux investisseurs qataris d’échapper à l’impôt sur les plus-values réalisées en France. Des milliards échappent chaque année aux recettes publiques, au seul bénéfice de fonds souverains et de fortunes étrangères, sans aucune contrepartie pour l’intérêt général.

Macron : président des riches, fossoyeur de l’intérêt général

Depuis le premier mandat Macron, les cadeaux fiscaux aux plus riches et aux grandes entreprises ont atteint des niveaux inédits et ont privé l’État de près de 70 milliards d’euros par an. Parmi eux :

– La suppression de l’ISF (3,5 milliards d’euros par an) pour les plus riches

– La mise en place de la flat tax à 30 % sur les revenus du capital (environ 4,5 milliards par an),

– La baisse progressive de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % (près de 11 milliards par an),

– Les allègements massifs de cotisations sociales patronales (plus de 20 milliards par an),

– Sans oublier le CICE transformé en exonérations pérennes (près de 18 milliards par an).

Ces décisions ne sont pas neutres : elles privent sciemment les services publics et la transition écologique de financements indispensables, tout en favorisant la concentration des richesses. Résultat : sous Macron, le nombre de millionnaires a bondi de plus d’un million (actuellement 2,8 millions), et la France compte désormais 52 milliardaires (38 en 2017), plus riches que jamais, pendant que la précarité et les inégalités explosent.

La dette publique est aujourd’hui instrumentalisée pour imposer l’austérité. Elle a plus que triplé en vingt ans, passant de 1 100 milliards d’euros en 2005 à plus de 3 100 milliards aujourd’hui, dont près de 900 milliards supplémentaires sous Macron.

Le plan Bayrou : austérité brutale, mépris total

Pour rassurer les marchés et respecter les critères européens de déficit, le gouvernement s’est engagé à réduire le déficit public à 3 % d’ici 2029.

Pour justifier de nouvelles coupes, François Bayrou, soutenu par le gouvernement, propose de réduire le déficit de 40 milliards en s’attaquant encore aux plus modestes : 

– La hausse de la TVA sur certains produits, 

– Le gel des salaires des fonctionnaires, 

– La suppression de 3 000 postes de fonctionnaires et la fermeture d’agences publiques, avec un non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois

– La suppression de deux jours fériés (le 8 mai et le lundi de Pâques), une insulte à l’histoire populaire et antifasciste : supprimer le 8 mai, jour de la victoire contre le nazisme, c’est piétiner la mémoire des luttes et des résistances.

– La perspective de nouvelles attaques contre les droits des salarié·es par ordonnance dès l’automne, annoncées dans une logique autoritaire

– La réduction de petites aides fiscales pour les ménages.

Le déremboursement de médicaments, y compris pour les malades atteints d’affections de longue durée

Ces mesures constituent un véritable plan d’austérité assumé.

Enseignement supérieur et recherche : un saccage programmé

La casse sociale ne s’arrête pas aux aides publiques et aux cadeaux fiscaux : l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) publics sont eux aussi en état d’urgence. Comme l’a exprimé la CGT FERC SUP au CNESER, la situation est dramatique : baisse continue du budget, mise en concurrence des établissements à travers les « COMP 100 % », Loi de programmation de la recherche (LPR) largement insuffisante, et réforme précipitée de la formation des enseignants. En lieu et place de réponses concrètes à cette dégradation, le ministre poursuit l’attaqueavec un projet de loi de « modernisation » de l’ESR qui, sous couvert d’innovation, organise le démantèlement du service public, favorise l’essor incontrôlé du privé, supprime le monopole public de la collation des grades et piétine le Code de l’Éducation.

Pire encore, les représentants du personnels ne sont même plus consultés sérieusement : les projets sont annoncés dans la presse avant toute concertation, les réunions sont convoquées à la va-vite, sans document préparatoire, les votes et avis syndicaux ne sont pas pris en compte malgré les obligations légales. C’est un mépris total pour les travailleuses et travailleurs de l’ESR, pour leurs représentants, et pour les missions de service public. Nous refusons que l’avenir de l’université, de la recherche, de la formation des enseignant·es et de la jeunesse soit bradé au nom d’une logique de concurrence, de précarité et de marchandisation.

À cela s’ajoute le détournement massif des financements publics :

  • 25 milliards d’euros sont alloués chaque année à l’apprentissage, largement captés par les grandes entreprises et les organismes privés, au détriment d’une politique cohérente de formation et d’enseignement public ;
  • Le Crédit d’impôt recherche (CIR) représente plus de 7 milliards d’euros par an, sans preuve d’efficacité réelle sur l’emploi ou l’innovation. Il contourne l’université publique, renforce la sous-traitance privée et aggrave la mise en concurrence des laboratoires.

Ainsi, même dans l’enseignement supérieur et la recherche, l’argent public est détourné au service de logiques privées, au mépris du rôle social et scientifique de l’université.

Des milliards perdus, une fraude fiscale tolérée

Et pourtant, l’argent existe. Chaque année, l’évasion et la fraude fiscales coûtent entre 80 et 100 milliards d’euros chaque année  soit bien plus que la fraude sociale des particuliers, trop souvent brandie comme écran de fumée pour détourner l’attention. Mais face à cela, les gouvernements successifs se contentent d’inertie, préférant protéger les grandes fortunes et les multinationales, tout en affaiblissant les moyens de l’administration fiscale.

Face à cette logique, nos organisations syndicales et les forces politiques progressistes de ruptures portent d’autres solutions, claires et réalistes : rétablir un ISF écologique élargi au capital financier, taxer les super-profits et les grandes fortunes (taxe zuckman), conditionner strictement les aides publiques à la création d’emplois, à la hausse des salaires et à la transition écologique, et lancer enfin une véritable offensive contre l’évasion fiscale.

L’alternative existe : justice sociale, fiscale et écologique. Refusons de payer leur crise

Nous refusons que le budget public continue de servir de caisse automatique aux riches et aux actionnaires, pendant que le reste de la population doit se serrer la ceinture. Nous refusons de payer leur crise et leur dette.

Les conséquences sont là, sous nos yeux :

En 2023, le taux de pauvreté a atteint 15,4 %, son niveau le plus élevé depuis 1996, soit 9,8 millions de personnes. Ce sont 650 000 de plus en un an.

Les familles monoparentales (34,3 %), les couples avec trois enfants ou plus (25,8 %) et les personnes seules (20,3 %) sont les plus touchées. Chez les enfants, le taux de pauvreté dépasse les 21 %.

Pendant que les plus riches profitent des revenus financiers, les plus modestes voient leur niveau de vie reculer.

L’Insee est clair : les inégalités atteignent des niveaux parmi les plus élevés depuis 30 ans. Cette violence sociale n’est pas un accident, c’est une politique.

Jamais la pauvreté n’a été aussi élevée, et pourtant on voudrait encore faire croire que les travailleuses et travailleurs en sont responsables ?  C’est une inversion totale des responsabilités.

Ces annonces sont aussi injustes qu’inefficaces. Elles auront un impact récessif violent, sans relancer l’économie ni réduire les inégalités. 

On ne soigne pas les finances publiques en saignant les droits sociaux et les services publics. On n’investit pas dans l’avenir en coupant dans la santé, l’éducation, la recherche ou l’écologie.

Et comme toujours, ces attaques sont annoncées en plein été, dans un mépris total pour les travailleuses et les travailleurs, dont des millions ne peuvent même pas partir en vacances. Ce calendrier n’est pas neutre : il vise à faire passer dans le silence des mesures que le peuple refuse.

Ces décisions sont en total décalage avec les attentes du pays réel. Elles bradent notre avenir, sacrifient les plus fragiles, et prolongent une politique de l’offre qui a déjà échoué.

Mais rien n’est joué. Le Premier ministre lui-même reconnaît qu’il n’a pas les moyens d’imposer ce recul sans résistance.

L’heure est à la mobilisation. Partout, dans les entreprises, les services, les territoires, dans la jeunesse, construisons le rapport de force.

La CGT mettra tout en œuvre pour empêcher cette offensive antisociale. Imposons d’autres choix : la justice sociale, l’égalité, la solidarité.

La CGT rappelle que ce ne sont pas les travailleuses.travailleurs les responsables des choix politiques des gouvernements successifs et des politiques libérales.