Après le mouvement social inédit de protestation contre la réforme des retraites, sans tenir compte des aspirations des travailleurs et de l’évolution du monde du travail, le gouvernement nous annonce à nouveau une litanie de mesures, là encore brutales, injustes et inefficaces !

Le gouvernement a choisi de faire payer les travailleuses et les travailleurs, les précaires, les retraité·s, les malades.

Pourtant face au sérieux des déficits publics, il existe des solutions, mais leur acceptabilité et leur efficacité reposent sur un partage équitable des efforts qui intègre les plus hauts revenus et les plus hauts patrimoines comme les entreprises : 211 milliards d’euros par an soit 6 690 € par seconde sans conditions, sans contrepartie, sans effet sur l’emploi et les salaires.

Les annonces ont été faites, pour certaines, sans véritable précision et sans étude d’impact. Ce document détaille les mesures et leurs impacts, au fur et à mesure des informations qui nous parviendront.

La suppression de 2 jours fériés ou “le travailler plus pour gagner moins”.

Travailler deux jours de plus sans gagner plus, c’est du travail gratuit et une baisse du salaire horaire. C’est aussi oublier que de très nombreuses personnes travaillent déjà les jours fériés, dans le tourisme, les soins, etc. Elles seraient doublement perdantes avec la suppression, quand elle existe, de la majoration de leur rémunération. Cette mesure est incompréhensible et inacceptable, elle est totalement contraire à la réponse attendue par les travailleuses et travailleurs sur le pouvoir d’achat. Cette mesure n’est ni plus ni moins qu’une dévaluation du salaire et une attaque au droit au repos collectif.

De plus, rien ne garantit une hausse de la production : déjà pour toutes les entreprises ou services publics qui travaillent les jours fériés, et pour les autres, c’est imaginer que la production des entreprises est juste proportionnelle aux jours ouvrés alors qu’elles affirment à longueur de temps qu’elle est surtout liée aux carnets de commandes ! Bref, une mesure brutale, injuste et inefficace et donc inacceptable !

La baisse (en euros constants) des allocations familiales, des aides au logement, de l’allocation adulte handicapé, bourses d’études, et du RSA

Le gouvernement a annoncé une « année blanche » et donc le gel de toutes les prestations sociales et notamment des allocations familiales, logement, adultes handicapés…

Ce gel a deux effets :

  • Il touche les prestations versées elles-mêmes en les minorant car elles ne suivent pas l’augmentation des prix. Pour 2026, la Banque de France prévoit une inflation d’au moins 1,4 %, ce qui signifie qu’en euros constants, toutes les prestations sociales baisseront de 1,4 %. Pour un adulte handicapé vivant seul et ne disposant pas d’autres ressources, cela signifie une perte de l’ordre de 175 euros par an, pour un bénéficiaire du RSA une perte de l’ordre de 110 euros par an. Pour des millions de foyers qui n’arrivent déjà pas à boucler leurs fins de mois, c’est loin d’être un détail !
  • En bloquant les seuils, il exclut automatiquement les personnes qui en sont proches lorsque leur revenu augmente faiblement, même en dessous de l’inflation. C’est très sensible pour des allocations de type logement. Le gel des allocations à destination des personnes les plus modestes et les plus vulnérables est incompréhensible alors que le taux de pauvreté et les inégalités de revenus n’ont jamais été aussi élevés en France (étude INSEE, juillet 2025).
Baisse, en euros constants, des pensions pour les retraité·es

Les pensions des retraité·es seraient gelées à leur niveau de 2025. Avec une inflation prévue au minimum de 1,4 %, cela signifie une baisse de niveau de vie de plusieurs centaines d’euros par an. Pas de commentaires : les retraité·es savent bien ce que cela veut dire, surtout les plus fragiles.

Ces mesures sont socialement injustes et économiquement inefficaces. En s’attaquant au plus grand nombre qui ont déjà des faibles salaires, indemnités ou pensions, ce plan d’austérité induit des risques de récession car réduire notre niveau de vie c’est ralentir la consommation qui représente + de 50% de l’économie du pays.

Une fusion des prestations sociales Avec seul objectif : faire des économies !

Le gouvernement annonce la fusion des prestations sociales et la création d’une allocation sociale unifiée (ASU) plafonnée qui pourrait intégrer le RSA, la prime d’activité, les aides au logement, les allocations familiales et l’allocation adultes handicapés. C’est-à-dire des prestations sociales sous conditions et d’autres universelles. On perd le sens des minima sociaux, et du filet de sécurité associé. Le gouvernement n’a encore rien révélé de clair concernant les contours ni le montant de cette ASU, mais selon les seuils cela pourrait faire beaucoup de perdants. Rappelons que les allocations logement ont déjà baissé de plus de 2 Milliards avec la dernière réforme, notamment pour les jeunes, et que nos dépenses pour la lutte contre la pauvreté font systématiquement les frais de la volonté d’économie. Alors que la pauvreté n’a jamais été aussi élevée depuis 30 ans en France, notamment chez les femmes, les familles monoparentales et les jeunes (Insee), le gouvernement s’acharne encore sur les plus précaires. Une honte

Encore une baisse drastique des droits au chômage : les demandeurs et demandeuses d’emploi de nouveaux stigmatisé·es

Le gouvernement a mené depuis 2021 trois grandes réformes de l’assurance chômage qui ont conduit à 25 milliards d’euros d’économies réalisées sur le seul dos des demandeurs d’emploi, particulièrement les plus précaires qui ont vu leur allocation baisser en moyenne de 17 % (2021-2027, source Unédic). Un accord majoritaire entre organisations syndicales et patronales vient d’entrer partiellement en vigueur au 1er avril et nous attendons encore la validation de nouveaux droits plus favorables pour les jeunes qui bénéficient pour la première fois d’une allocation.

Et pourtant, le gouvernement veut encore imposer une nouvelle baisse drastique des allocations chômage, de plus de deux milliards par an : baisse de la durée des droits, accès plus difficile à une allocation, dégressivité, remise en cause de l’allocation pour ceux qui s’inscrivent à France Travail à la suite d’une rupture conventionnelle… La liste des mesures envisagées est terriblement longue, sous-tendue par l’idée dogmatique que les personnes au chômage sont toutes des fainéantes et qu’elles doivent reprendre au plus vite n’importe quel emploi, même précaire.

Les idées reçues ont la vie dure : n’oublions pas que seules 4 personnes demandeuses d’emploi sur 10 sont indemnisées, et que parmi celles-ci la moitié travaillent chaque mois, parfois sur des CDD et des missions d’intérim de quelques jours. Les allocataires qui travaillent et cumulent leur revenu avec une allocation touchent en moyenne 884 € d’allocation et les allocataires qui ne travaillent pas du tout dans le mois perçoivent en moyenne 1 129 €. Ils et elles ne sont pas des privilégié·es !

Durcir plus encore les règles d’indemnisation ne créera pas d’emploi supplémentaire et ne fera pas baisser le chômage. D’ailleurs, la réduction très forte des droits ces dernières années n’a pas fait baisser le taux de chômage, qui est plutôt reparti à la hausse (7,4 % actuellement). Le risque d’accentuer la pauvreté est important alors que le nombre de personnes arrivant en fin des droits à l’assurance chômage a augmenté de plus de 70 % en 2 ans (79 000 en décembre 2024, Unédic).

Santé : stigmatisation des patients et augmentation du reste à charge

Sans précision à ce jour, le plafond des franchises médicales et des participations forfaitaires serait doublé passant ainsi de 50 à 100 euros à la charge des patients. Par ailleurs, le dispositif de prise en charge des affections longues durées (ALD) est dans le viseur pour diminuer la couverture de ces patients.

Par contre le gouvernement ne propose rien pour lutter contre les déserts médicaux et pour favoriser l’accès aux soins de qualité ou encore pour lutter contre l’exposition toujours croissante des dépassements d’honoraires.

Retraites : toujours pas de remise en cause des 64 ans

Le Premier ministre s’était engagé à ouvrir un chantier permettant de remettre à plat la réforme des retraites « sans totem ni tabou ». Au lieu de cela, il s’est allié avec le patronat pour empêcher toute remise en cause des 64 ans, la réduction des inégalités Femmes / Hommes, et la juste prise en compte de la pénibilité au travers des critères ergonomiques

La baisse du budget de tous les services publics

Le budget des universités, des hôpitaux, des collectivités locales, de la culture et de tous les services publics à l’exception du ministère de la défense serait gelé et baisserait donc selon les prévisions de 1,4 % (Banque de France) en euros constants, voire plus pour certains ministères comme celui de la Culture ou le Ministère du travail et de l’emploi : -1,7 Milliards d’euros après 4,4 Milliards en 2025. Alors que les hôpitaux, les universités, les collectivités territoriales sont de plus en plus endettées, cela se traduirait par la suppression de nombreux projets, les licenciements de contractuels, voire la fermeture de filières, de services ou d’établissements.

La suppression de 3000 postes et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois

Comment imaginer moins de pompiers, d’infirmier·es, d’enseignant·es, alors que nos services publics sont déjà à l’os ? Actuellement, des milliers d’élèves n’ont pas d’enseignant.e.s en face d’eux en l’absence de remplaçant·es. Nos hôpitaux sont en urgence totale, comme nos EHPAD et des milliers d’enfants sont en danger à défaut de prise en charge sociale satisfaisante, les places en crèche sont très insuffisantes et baissent encore, les commissariats et les tribunaux sont débordés et on supprimerait des postes de fonctionnaires ?

 La baisse du salaire des fonctionnaires en euros constants

Avec l’inflation de 1,4 % prévue pour 2026, le gel du salaire des fonctionnaires annoncé par le gouvernement signifie que les salaires des agent·es de la fonction publique baisseront, tout simplement. Depuis 20 ans, les salaires des fonctionnaires ont baissé de 23 % en euros constants ! Résultat : les fonctionnaires français sont parmi les moins bien payé·es de l’OCDE, notamment les infirmières, les enseignant·es, les médecins, les chercheur·es, les magistrat·es…

La suppression d’agences et de programmes de l’État

Que l’on s’interroge sur la pertinence d’une agence c’est bien normal, l’évaluation doit faire partie des politiques publiques. Mais le faire avec une simple politique du chiffre est très dangereux. Certaines agences sont précieuses. Selon leur autonomie et l’implication de parties prenantes et/ou conseils scientifiques dans leur gouvernance, ces agences peuvent assurer l’exécution de missions de long terme (ex ADEME : Agence de la transition écologique) ou multi-acteurs ( ANRU : Agence nationale de rénovation urbaine) avec pertinence et en offrant des garanties démocratiques intéressantes (ANSES : agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour les citoyens et les acteurs économiques. Leurs missions parfois sur des politiques de long terme peuvent justement rendre indolore à court terme leur suppression (Ex : les agences pour la transformation écologique) mais à long terme elles peuvent retarder des transformations nécessaires ou limiter des contre-pouvoirs indispensables (ANSES).

Et le bouquet : une remise en cause tous azimuts des droits des salarié·es 

Le gouvernement annonce vouloir flexibiliser le code du travail sur de nombreux aspects : permettre la monétisation de la 5ème semaine de congés payés, faciliter le recours aux contrats précaires, diviser par deux les délais de recours devant les prud’hommes en cas de licenciement abusif… Il annonce également vouloir « simplifier » drastiquement les démarches des entreprises – ce qui se traduit en général par un recul des droits sociaux et environnementaux – avec des mesures qui pourraient être prises par ordonnance dès l’automne donc sans être adoptées par le Parlement !

 Le bonus : la suppression du 1er mai !

Tout un symbole ! En parallèle de toutes ces annonces, le gouvernement veut faire voter, fin septembre, une proposition de loi pour étendre les possibilités de travailler le 1er mai. Des dérogations qui iraient bien au-delà des fleuristeries et des boulangeries et qui concerneraient entre 1 et 3 millions de salarié·es. On nous rejoue ici l’histoire du travail du dimanche : au début on promet que ce sera volontaire et majoré, et aujourd’hui, le travail du dimanche est de plus en plus imposé par l’employeur, parfois sans aucune majoration ! Le 1er mai, c’est un acquis social, la journée internationale des droits des travailleuses et des travailleurs. C’est par la lutte que nous avons gagné que la journée soit fériée et chômée, la seule dans le code du travail. Pas question que le gouvernement et le patronat nous volent cette journée de repos, de lutte et de fête !

Et si on faisait de la justice fiscale ?

On s’est beaucoup focalisé sur les dépenses, mais toutes les études le disent : le déficit augmente surtout parce que les recettes ont baissé.

Pourquoi ? Parce que le président de la République depuis 2017 a multiplié les baisses d’impôts pour les plus riches et les entreprises notamment au travers d’aides, exonérations et exemptions de cotisations ou taxes. Il a baissé les impôts chaque année pour les plus riches et les entreprises.

Résultat, les inégalités n’ont jamais été aussi élevées ! Les aides aux entreprises atteignent des sommets et s’élèvent à 211 milliards en 2023 (Commission d’enquête du Sénat 2025) : c’est 6690 € par seconde !

Pour remettre les comptes à l’équilibre, il est possible de :

  • rétablir l’Impôt sur les grandes fortunes, cela permettrait par exemple de trouver 4,5 milliards d’euros,
  • taxer le patrimoine des 1800 français·es qui possèdent plus de 100 millions d’euros rapporterait 20 milliards (comme proposé avec la taxe Zucman)
  • remettre à plat, évaluer et conditionner les aides aux entreprises, qui représentent 211 milliards d’euros par an, pourrait rapporter des dizaines de milliards d’euros…et améliorer la qualité de l’emploi.

 Il est temps de reposer la question :

·       des entreprises qui continuent à percevoir chaque année 211 milliards d’euros d’aides publiques, sans transparence, ni évaluation, et surtout sans conditionner ces aides à l’atteinte de quelconques objectifs en matière d’emploi, de qualité de l’emploi, ni de respect d’ambitions sociales ou environnementales ;

·       des dividendes records, surtout, en cas de licenciements ou délocalisations ;

· de la justice fiscale concernant les hauts revenus qui échappent à toute contribution réelle.

Signer la pétition: https://www.change.org/p/budget-les-sacrifices-pour-le-monde-du-travail-%C3%A7a-suffit