La France, avec neuf autres pays, reconnaîtra ce lundi 22 septembre 2025, l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Ce geste tardif survient alors que l’État palestinien coupé en deux n’existe plus que sous forme de confettis épars, morcelés par des décennies de colonisation et d’occupation militaire en Cisjordanie, et d’un territoire dévasté et déshumanisé côté Gaza. Le peuple palestinien est condamné, pour des générations, à porter les blessures d’une guerre coloniale menée par le gouvernement le plus à l’extrême droite de l’histoire israélienne. Le rêve proclamé d’un Israël démocratique et porteur d’espoir s’est transformé, pour les Palestinien·nes, en synonyme de désolation, de crimes de guerre, de famine et d’horreurs.

La reconnaissance, pilotée par la France et l’Arabie Saoudite est un geste symbolique, mais c’est une reconnaissance d’un État de Palestine au rabais, privé de sa souveraineté territoriale, militaire et démocratique, une reconnaissance aux conditions occidentales.

Certains pensent que nos organisations syndicales – CGT, FSU, Solidaires – auraient d’autres combats à mener que de se positionner sur ce type de sujet et que ce n’est pas la première mission de l’action syndicale. Pourtant, depuis toujours, nos organisations ont affirmé haut et fort leur engagement pour la solidarité internationale entre les travailleuses et les travailleurs, pour un monde de paix, de justice, de dignité : contre les guerres d’Indochine et d’Algérie, contre la guerre du Vietnam, contre l’apartheid en Afrique du Sud, aux côtés des luttes du peuple irlandais, des Kurdes, des Palestinien·nes et de tant d’autres peuples opprimés. Ce combat pour l’émancipation et pour les droits humains dépasse les frontières.

À Gaza, la situation est aujourd’hui tragique : la société s’est effondrée et nul·le des 2,2 millions de Gazaoui·es n’est en sécurité. Des spécialistes affirment que cette guerre n’a plus ni sens ni objectif militaire, mais elle a de toute manière dépassé toutes les bornes imaginables. La société israélienne elle-même est profondément divisée, alors que les otages israéliens restent abandonnés, sacrifiés sur l’autel de la survie politique de Benyamin Netanyahou et des ambitions délirantes de ses ministres fanatisés. L’armée d’occupation a délibérément ciblé les infrastructures administratives, éducatives, sanitaires, détruisant toute organisation permettant la survie élémentaire. C’est une politique de terre brûlée, une honte pour l’humanité.

La reconnaissance de la Palestine, si nécessaire soit-elle, ne suffira pas à enrayer cette dynamique mortifère. Seules de grandes décisions, au niveau de l’Union européenne et des États-Unis, pourraient imposer un coup d’arrêt aux extrémistes qui mènent cette terre vers l’abîme. Or, cela ne semble pas être à l’ordre du jour. 

Face à cette impasse, nous rappelons les revendications de nos organisations syndicales :

– le droit à l’autodétermination, à la paix et à la sécurité pour tous les peuples,

– la coexistence juste et durable entre Palestinien·nes et Israélien·nes,

– la libération des otages et des prisonniers,

– la reconnaissance d’une Palestine viable et souveraine,

– la poursuite des toutes les personnes impliquées dans les crimes de guerre et crimes contre l’humanité

– la fin de la spirale de la violence, le respect du droit international et le retour à la diplomatie,

– en attendant, l’accès sans entrave de l’aide humanitaire.

En outre, la France doit  prendre des sanctions unilatérales sévères et immédiates à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants, à l’image de décisions prises par la Slovénie, l’Espagne, la Belgique et l’Irlande. Se faisant, elle ne fera que se conformer aux arrêts de la Cour Internationale de Justice.

Trop d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts. Il est insupportable d’être spectateurs passifs de crimes de guerre, d’un génocide. Nos voix syndicales continueront de porter l’exigence universelle : justice, paix et dignité pour toutes et tous.