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Depuis le mois de mars, nous formons un collectif de doctorant·es, syndiqué·es ou non, militant·es confirmé·es ou primo-militant·es, avec pour but de revendiquer de meilleures conditions de travail pour les Attachés Temporaires d’Enseignement et de Recherche (ATER), qui font partie des personnels précaires employés par les universités. Nous nous mobilisons en tant que jeunes chercheurs et chercheuses par diverses actions locales ou nationales, pour obtenir une amélioration de nos conditions de travail. L’avis voté à l’unanimité par l’ensemble des syndicats au CSA ministériel le 1er avril 2025 montre qu’il existe un consensus sur le sujet parmi les organisations syndicales.

Les ATER : des conditions de travail au rabais

Un⋅e ATER effectue la charge de cours d’un·e maître·sse de conférence à temps plein. Il ou elle assure donc à la fois des travaux de recherche et 192 h par an d’enseignement. Son contrat dure un an, renouvelable 1 fois, 3 fois pour les fonctionnaires. La rémunération perçue est de 2 195 euros bruts mensuels (environ 1 765 euros nets, hors prélèvement à la source, soit 22 % au-dessus du SMIC pour des agents diplômés à bac+5 minimum). Difficile d’imaginer ces conditions de travail comme compatibles avec un enseignement supérieur public qui, selon notre (ex-…) ministre de tutelle, aspire à plus de “qualité” dans ses cursus. Il existe également des postes de « demi-ATER » : ils et elles touchent, quant à eux et elles, 1 575 euros bruts mensuels, soit 1 300 euros environ, pour un service d’enseignement de 96 h par an – soit une somme inférieure au SMIC et qui n’est pas toujours portée au niveau du SMIC. Les ATER assurent parfois sans décharge des fonctions administratives et pédagogiques d’encadrement. Par exemple, on a pu voir des ATER coordonner un parcours de licence, « animer une équipe », assurer le recrutement de ses collègues, diriger des mémoires de MASTER… Les ATER prennent alors sur le temps de recherche qui est, en principe, dédié à la finalisation de leur thèse, sauf dans les cas minoritaires où ils/elles sont déjà titulaires du doctorat. Bref, il faut en faire toujours plus pour un salaire au rabais qui ne bouge pas.

Depuis les revalorisations successives des salaires des doctorant·es contractuel·les entre 2021 et 2023, jusqu’à 2 300 euros bruts mensuels (sans charge de cours), les ATER sont moins payé·es que leurs collègues ayant pourtant moins d’ancienneté – sachant que dans certaines disciplines les ATER sont parfois déjà docteur⋅es. Nous refusons catégoriquement toute baisse de salaire au cours de la carrière. Les ATER sont même moins payé·es que les enseignant·es stagiaires du second degré, une fois que ces dernier·es ont touché leurs indemnités mensuelles.

À cette baisse de salaire, il faut ajouter le fait qu’un⋅e ATER engage souvent un certain nombre de frais pour travailler  : il est fréquent d’atterrir sur un poste loin de l’université où l’on est ou était inscrit⋅e en thèse. En fonction de la région où il ou elle travaille et des politiques de remboursement (ou non) des universités, un⋅e ATER peut dépenser plus de 500 euros par mois de sa propre poche pour se déplacer et trouver des hébergements ponctuels… soit un tiers de son salaire.

Dans de trop nombreux cas, faire une année d’ATER équivaut à travailler à perte, une situation engendrant une forte dépendance matérielle aux proches (conjoint·e, parents…), et qui affecte en particulier les parcours des femmes et minorités de genre qui s’engagent dans l’ESR.

Une conséquence de la fragilisation générale de l’ESR ?

Malgré ces conditions, les doctorant·es et les docteur·es se battent pour obtenir des postes d’ATER. En effet, le manque criant de financements pour réaliser et terminer une thèse induisent cette concurrence féroce. L’alternative pour les doctorant·es après 3 ans de financement est le plus souvent : chômage ou ATER. Il est fréquent que pour un seul poste d’ATER, il y ait plus d’une centaine de candidatures. Certains départements se sentent légitimes à organiser des auditions pour recruter sur ces postes, malgré la flagrante précarité de ces contrats.

Les procédures de recrutement sont opaques et extrêmement chronophages, car non centralisées (le logiciel en ligne Galaxie permettant simplement aux candidat·es d’accéder à la plateforme propre de chaque université), pour des résultats plus qu’hypothétiques au vu du faible nombre de postes. Le calendrier de recrutement complique grandement l’obtention du détachement du secondaire pour les titulaires d’un concours de l’enseignement, qui doit être demandé, justificatifs à l’appui, assez tôt dans l’année alors que certains postes d’ATER ne sont ouverts qu’en juin. Certain·es candidat·es se voient alors obligé·es de démissionner de l’agrégation ou du CAPES pour pouvoir prendre leur poste d’ATER.

Parfois, les candidat·es postulent sur des supports qui ne seront finalement jamais ouverts, faute de moyens. Au-delà de la concurrence au moment du recrutement, les jeunes chercheur·euses ont en tête la concurrence encore plus redoutable pour obtenir quelques années plus tard un poste fixe dans l’ESR, pour lequel les exigences sont de plus en plus élevées. Les conditions de travail au rabais des ATER ne sont compréhensibles qu’au regard de la fragilisation sévère des métiers de l’ESR et de la raréfaction générale des postes d’enseignant·es-chercheur·euses : en 10 ans, le nombre de recrutements a chuté de moitié. La cause des ATER est liée à celle des vacataires de l’université publique : souvent, les doctorant·es qui n’ont pas obtenu de poste d’ATER se retrouvent à assurer des vacations, faute d’alternative. Les unités d’enseignement font le choix de ne pas ouvrir de postes d’ATER, ce qui a des répercussions directes sur le nombre de vacataires nécessaires au bon fonctionnement des universités.

Nos revendications

L’avenir qui nous est proposé en tant que jeunes chercheur·euses – et plus largement, le projet de société auquel ces réalités correspondent – ne peut que nous indigner. Nous nous battons pour une revalorisation des salaires des ATER et une amélioration de leur environnement de travail, mais aussi pour des ouvertures de postes en masse, de titulaires comme d’ATER. En effet, il ne s’agit pas de renvoyer dos-à-dos les postes de titulaires gelés et des travailleur·euses précaires de l’université qu’on présente trop souvent comme leurs remplaçant·es, dans une forme de concurrence déloyale : nous avons besoin de davantage d’enseignant·es-chercheur·euses, de davantage de stabilité, de davantage de solidarité dans l’ESR !

Nos revendications sont les suivantes :

– Pas de salaire en dessous de 2 000 euros nets,
Protection du mi-temps recherche pour les ATER en finalisation de thèse,
Pas de baisse de salaire au cours de la carrière,
– Obligation et amélioration du défraiement du déplacement,
Ouverture de postes de titulaires en masse,
Davantage de postes d’ATER en remplacement des vacations,
Égalité entre ATER fonctionnaires et non-fonctionnaires face aux conditions de recrutement et de salaire,
Simplification du calendrier de candidature,
Transparence des procédures de recrutement.

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