Une semaine après les annonces du Premier ministre Sébastien Lecornu, le président Emmanuel Macron, depuis la Slovénie, contredit son propre chef de gouvernement.
Alors que Matignon parlait d’une « suspension » de la réforme des retraites, l’Élysée a tenu à préciser qu’il ne s’agissait que d’un « décalage ».
Autrement dit : la réforme reste en place, juste emballée dans un joli papier cadeau pour mieux faire passer la pilule.
UN DOUBLE DISCOURS QUI EN DIT LONG
Le 14 octobre, Sébastien Lecornu annonçait la « suspension » du relèvement de l’âge légal jusqu’à la prochaine élection présidentielle, cherchant à calmer le jeu social et politique.
Le 21 octobre, Emmanuel Macron a recadré la situation : « Ce n’est ni une abrogation, ni une suspension, mais un décalage. »
Cette mise au point montre que la réforme Borne de 2023 n’est en rien remise en cause.
La différence de langage entre l’Élysée et Matignon n’a qu’un objectif : faire croire à une inflexion politique qui n’existe pas comme on agite un chiffon rouge pour détourner le regard du vrai coup de matraque.
CE QUI CHANGE EN RÉALITÉ : PRESQUE RIEN
Les annonces du gouvernement se résument à quelques miettes :
- L’âge légal de 64 ans sera atteint en 2033 au lieu de 2032.
- Les 172 trimestres nécessaires le seront en 2029 au lieu de 2028.
- Les générations 1964 à 1968 gagnent à peine quelques mois.
- Pour les suivantes :rien, nada, que dalle, tchi, wallou…
Une « suspension » en trompe-l’œil, juste le temps de desserrer un peu le nœud… avant de tirer plus fort sur la corde.
UNE MANŒUVRE POLITIQUE POUR ÉVITER LA CENSURE
Ce double discours n’est pas une maladresse : c’est une manœuvre politique assumée.
En parlant de « suspension », le gouvernement s’assurant la non-censure du PS, divise et affaiblit l’opposition
Une fois la menace passée, Macron rétablit la vérité : aucune suspension, juste un décalage.
LE PLFSS 2026 : L’AUSTÉRITÉ GÉNÉRALISÉE
Pendant qu’on parle de « pause » sur les retraites, le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026 (PLFSS) et le Projet de loi de finances pour 2026 (PLF) poursuivent la même logique d’austérité :
- Gel des pensions et des prestations sociales,
- Hausse des franchises médicales,
- Coupes dans les budgets de santé et des hôpitaux,
- Gel du point d’indice dans la fonction publique,
- Dérèglementation du remboursement de certains médicaments,
- Restriction de l’accès aux Aides personnalisées au logement (APL) pour les étudiant·es extra-communautaires non boursiers et gel des montants pour les autres étudiant·es.
- Mise à contribution du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche dans l’effort budgétaire national, avec environ 500 millions d’euros d’économies attendues pour le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche
Ces mesures confirment une politique budgétaire antisociale, qui touche encore et toujours les salarié·es, les retraité·es, les jeunes et les plus précaires. Elles participent d’une même logique : faire des économies sur le dos de celles et ceux qui travaillent et étudient, au profit des plus riches. (Parler du rejet de la taxe Zucman – loin d’être suffisante certes mais une des seules mesures qui touchait les très hauts revenus – par les députés RN qui fricotent de plus en plus avec les grands patrons me semble importante vu le contexte)
LEUR « RÉFÉRENDUM » : UNE PROMESSE SANS SUITE
Macron ressort la carte du référendum comme un magicien fatigué ressort son vieux lapin du chapeau. Mais combien de fois cette promesse a-t-elle été faite sans jamais se concrétiser ?
Ce discours vise à donner l’illusion d’une ouverture démocratique, alors que les choix sont déjà arrêtés.
UNE COLÈRE QUI NE S’ÉTEINT PAS
En contournant la censure, le gouvernement a voulu affaiblir le mouvement social. Mais il n’a rien réglé : les injustices demeurent, et notre détermination aussi.
La réforme est maintenue, l’austérité s’amplifie, les droits sociaux sont attaqués.
Ils nous lancent quelques miettes pour calmer la faim… pendant qu’ ils festoient sur nos droits. On nous sert des restes pendant qu’ils découpent notre système social comme un gâteau.
Mais ce gâteau, c’est le nôtre. Et nous n’avons pas l’intention de nous laisser dépouiller.
Nous réaffirmons nos revendications :
- Abrogation immédiate de la réforme Borne,
- La retraite à 60 ans pour toutes et tous
- Revalorisation des pensions et du point d’indice,
- Retrait du PLFSS 2026 et de ses mesures antisociales,
- Renforcement du système par répartition, fondé sur la solidarité et le financement par le travail,
- Investissements massifs dans l’enseignement supérieur et la recherche publique, et non des coupes budgétaires déguisées.
ILS MANŒUVRENT, NOUS RÉSISTONS
Ils pensent nous endormir avec des mots doux.
Mais sous leurs discours, c’est le même rouleau compresseur social qui avance. Et face à ça, la mobilisation, la lutte collective, la grève, voilà notre force, voilà nos armes.
🎶 Hé bourgeois, entends-tu le son de la colère, descendant des gueules des oublié·es ? Allez, vamos, andiamo, yalla… 🎶
