Vers une Précarisation Renforcée dans l'ESR sous un Gouvernement du Rassemblement National
Depuis la loi Anicet le Pors qui régit le statut actuel de la fonction publique, les réformes successives ont souvent eu pour effet non pas de stabiliser et renforcer le service public, mais de le fragiliser progressivement. Ces changements, marqués par un manque de cohérence et une absence de vision à long terme, ont systématiquement affaibli les services rendus aux citoyens et citoyennes, tout en dégradant les conditions de travail des agents.
La réforme de l'autonomie des universités, instaurée par la loi LRU de 2007, prétendait moderniser l’enseignement supérieur en donnant plus de liberté financière aux établissements. Comme si la recherche et l'enseignement avaient une valeur marchande ! En réalité, cette réforme a intensifié la précarisation du personnel universitaire. Pour faire face à des contraintes budgétaires intenables, de nombreuses universités ont eu recours à des contrats précaires (aujourd'hui, environ 50% des heures enseignées, payées à un taux horaire ridicule, sont assurées par des personnels non statutaires), entraînant une détérioration significative des conditions de travail et une dégradation de la qualité des enseignements et de la recherche. L'incitation à diversifier les sources de revenus a également conduit à une marchandisation accrue de l’enseignement supérieur, favorisant les disciplines les plus rentables au détriment de celles qui sont pourtant essentielles pour le bien commun.
Avec le Rassemblement National (RN),
– La généralisation de la rémunération au mérite dans l’enseignement supérieur aggraverait encore la précarité des emplois. En augmentant la part de de rémunération axée sur la performance individuelle, on assisterait à un creusement des inégalités salariales au sein des universités. Cette politique créerait un climat de compétition nocif, augmentant le stress et la démotivation en compromettant la collaboration, essentielle à l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la recherche. La qualité des formations et des travaux de recherche pourrait être gravement affectée si les personnels se retrouvent contraints de privilégier la performance individuelle au détriment des objectifs collectifs.
– La politique de non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, combinée à des réformes favorisant la précarisation, affaiblirait encore davantage le statut de fonctionnaire et menacerait la stabilité des services publics. Cette tendance mettrait en péril les droits des agents et compromettrait la pérennité de services essentiels.
– Sous un gouvernement dirigé par le RN, l’accent mis sur la conformité aux directives politiques se traduirait par une surveillance accrue des fonctionnaires. La dépendances aux chaînes de hiérarchie accélérerait la déliquescence de la démocratie universitaire, déjà très attaquée actuellement (voir l'élection de la présidence de Paris Saclay).
Ce contrôle renforcé compromettrait la neutralité indispensable à la bonne marche des services publics et constituerait dans l'ESR une atteinte directe à la liberté académique, pilier de l'université contemporaine.
Face à ces menaces, il est impératif de défendre avec détermination les valeurs d'ouverture et de respect pour toutes et tous, d’indépendance et de solidarité, de clairvoyance face à l'urgence écologique, de service public, qui sont au cœur de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le Rassemblement National (RN) représente un danger. Il est crucial de se mobiliser pour préserver les espaces essentiels de savoir et d’émancipation, valeurs fondamentales et indispensables pour garantir que l'Université continue de jouer son rôle crucial dans notre société.
"Nous appelons les citoyennes et citoyens à faire barrage à l’extrême droite dans les urnes en votant dimanche pour les candidates et candidats les mieux placés pour battre l’extrême droite" (communiqué intersyndical CFDT-CGT-FSU-SOLIDAIRES-UNSA 1er juillet 2024).