Le harcèlement sexuel et les violences sexistes et sexuelles ne s’arrêtent pas aux portes de notre université.
Les caractéristiques de l’enseignement supérieur et de la recherche créent à la fois des conditions propices au harcèlement sexuel et à sa négation. Comme dans tout milieu professionnel, lorsqu'il est commis par un supérieur hiérarchique, il s'inscrit dans une dynamique de pouvoir et d'autorité qui accentue d'autant son effet dévastateur sur la victime et en constitue une circonstance aggravante. Et dans l'ESR particulièrement, la relation de dépendance entre, par exemple, un directeur·rice et son agent·e, un étudiant·e et son professeur·e, entre un doctorant·e et son directeur·rice de thèse est particulièrement propice au harcèlement sexuel et aux agressions. Plus largement, la personnalisation de la relation pédagogique dans l’enseignement supérieur (par exemple pour le suivi d’un mémoire) accroît les risques d’abus de pouvoir et donc, notamment, de harcèlement sexuel.
Malgré l'annonce d'un plan national d'actions contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) 2021-2025, doté de 14 millions d'euros, seulement 4,7 millions ont effectivement été alloués aux établissements. Cette insuffisance de financement limite la capacité à traiter correctement tous les signalements et à libérer la parole des victimes et nous sommes loin aujourd'hui d'être en capacité de prendre en charge correctement tous les signalements comme il le faudrait.
La montée en puissance de l'extrême droite et l'éventuelle accession au pouvoir du RN constituent une menace sérieuse pour les dispositifs de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Le programme du RN est en contradiction totale avec les aspirations des communautés universitaires. Il menace les droits des femmes et des personnes LGBTQ+, utilise des discours égalitaires à des fins racistes, sexistes et validistes, et instrumentalise les violences faites aux femmes pour diffuser un message anti-immigration.
Si nous n'empêchons pas l'extrême droite d'accéder au pouvoir, plus rien ne sera fait dans nos établissements, plus une goutte de financement n'arrivera pour les dispositifs mis en place avec tant de peine.
Le RN a pris plusieurs positions et initiatives politiques qui menacent les droits des femmes et renforcent les structures patriarcales. Parmi ces actions notables, 30 député·es du RN se sont opposé à l'inscription du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la constitution française, une mesure visant pourtant à protéger ce droit fondamental des femmes contre d'éventuelles restrictions futures. Au Parlement européen, les élu·es du RN ont voté contre des lois destinées à promouvoir l'égalité professionnelle entre les sexes, montrant ainsi une réticence à soutenir des mesures visant à réduire les disparités salariales et à améliorer les conditions de travail des femmes et le RN a souvent critiqué et voté contre des mesures législatives visant à renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes.
Les propositions du RN entérinent l’ordre patriarcal, le radicalisent et s'appuient sur la différence sexuelle « naturelle » qui différencie les femmes et les hommes pour mieux les assigner à leurs rôles sociaux spécifiques, renvoyant les femmes à la maison et surtout à leur rôle de mère : sous l’apparence de nouveaux droits, les propositions de « revenus pour mères au foyer », « droit des femmes à rester chez elles » ou la « libre répartition du congé parental » assignent les femmes à leur « fonction de procréation » et au travail domestique.
La volonté de contrôle de la vie des femmes s’étend jusqu’au droits des femmes à disposer de leur corps, en s’attaquant au droit à l’avortement ou l’accès à la contraception. Les mesures pour la santé des femmes s’inscrivent uniquement dans une perspective nataliste.
"Nous appelons les citoyennes et citoyens à faire barrage à l’extrême droite dans les urnes en votant dimanche pour les candidates et candidats les mieux placés pour battre l’extrême droite" (communiqué intersyndical CFDT-CGT-FSU-SOLIDAIRES-UNSA 1er juillet 2024).
Face à cette menace croissante sur les droits des femmes, il est crucial de renforcer et de faire connaître les dispositifs de lutte contre le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles au sein des établissements d'enseignement supérieur. Voici les principales ressources disponibles à l'Université de Lorraine, vous pouvez signaler tout fait de harcèlement ou de violences sexistes et sexuelles, dont vous auriez été victime ou témoin, vous serez écouté·e et accompagné·e :