Face à l’internationale d’extrême droite, il est urgent de nous engager.

Nous vivons une période de développement des extrêmes droites probablement inédite par son ampleur, à la fois en termes d’extension géographique et en termes d’intensité des attaques menées contre les démocraties. L’arrivée au pouvoir pour la seconde fois de Donald Trump est accompagnée cette fois-ci de celle de son sbire Elon Musk qui ne cache plus son attrait pour le nazisme et ses aspirations fascistes. Cela désinhibe les leaders autoritaires du monde entier au premier rang desquels Vladimir Poutine et Benjamin Netanyahu, deux « agresseurs » pour employer un euphémisme, auxquels Trump a apporté un soutien inconditionnel.

L’internationale fasciste s’organise, avec la transformation du rassemblement annuel des conservateurs américains à Washington en raout des leaders nationalistes du monde entier à la mi-février. La compromission des puissants apparait au grand jour, leur main-mise sur les médias et les réseaux sociaux et leurs entreprises de désinformation tous azimuts des deux côtés de l’Atlantique font des ravages. Ils biaisent les processus d’élection dans les pays démocratiques, renforcent l’évolution vers des politiques racistes et discriminatoires de gouvernements supposés démocrates. Le premier mandat de Trump avait déjà eu une influence néfaste sur l’arrivée au pouvoir de régimes nationalistes, en Europe en particulier, mais ce retour en force est fracassant.    

Notre pays subit ces attaques de plein fouet, à tel point que le Premier ministre François Bayrou s’est entouré de ministres ultra-conservateurs avec lesquels il manie la propagande d’extrême droite. On peut légitimement s’interroger sur ce qui distingue encore ce gouvernement d’un gouvernement d’extrême droite. Le gouvernement Bayrou souhaite par exemple encore durcir les conditions d’accueil des personnes étrangères sur notre territoire, après qu’elles ont déjà été dramatiquement rendues plus difficiles par la loi Darmanin de 2023.

Dans le milieu universitaire également, les politiques d’extrême droite sont à l’œuvre. Aux États-Unis, les coupes budgétaires, l’interruption de programmes scientifiques, voire la destruction de données et de résultats d’investigations scientifiques, le licenciement de chercheuses et de chercheurs et la censure des travaux universitaires atteignent des proportions inédites. Il y a fort à craindre que l’Europe emboîte le pas, même si ce sera probablement à un rythme plus lent. La recherche n’est certainement pas le seul aspect visé. Le contrôle de l’enseignement est également d’actualité, comme en témoigne en France le taux très important d’évaluations négatives de formations de la vague E par l’HCERES. Il s’agit manifestement de prendre le contrôle de la production du savoir et d’en faire un outil au service des intérêts de quelques uns, ceux-là même qui imposent leur vision néolibérale de la société.

Personnels d’enseignement, de recherche ou BIATSS, nous estimons qu’il est de notre devoir d’universitaires de nous engager face à ces dangers. Quelles que soient nos divergences politiques ou notre manière de concevoir l’exercice de nos métiers, nous pensons que l’université doit absolument rester un lieu d’exercice de la pensée critique et d’échanges respectueux de points de vue argumentés. Nous pensons que ces objectifs ne peuvent être atteints que grâce à l’indépendance de la recherche et de l’enseignement universitaire face à toute ingérence des pouvoirs politiques, économiques ou religieux. Nous pensons urgent de bannir de l’université toutes les formes de discriminations et les rapports de domination. Nous pensons nécessaire qu’un affichage clair de tels principes soit posé pour éviter que ne se mette en place, comme c’est le cas aux États-Unis, une obéissance anticipée des établissements aux injonctions d’un gouvernement autoritaire.

Nous, l’intersyndicale CGT-FSU-SUD et ESPOIR, ne voulons pas nous soumettre à cette politique néolibérale. Les éléments de notre programme :

  • procéder à des recrutements sur statuts nationaux 
  • rompre avec la répartition budgétaire sous forme d’appels à projets 
  • rompre avec l’individualisation par les traitements et par les primes 
  • refuser les hausses des frais d’inscription et les frais différenciés pour les étudiant·es étranger·es 

s’inscrivent dans la vision d’une université inclusive, démocratique et collégiale, qui s’oppose radicalement à cette politique destructrice.

Il nous faut saisir collectivement toutes les occasions de manifester notre solidarité avec les collègues états-uniens confrontés au rouleau compresseur néolibéral et autoritaire de Trump et Musk. Nous appelons notamment à rejoindre les initiatives qui seront prises dans le cadre du Stand Up for Science Day organisé le 7 mars aux États-Unis et partout dans le monde pour défendre la liberté académique.